De Beaune à Gevrey-Chambertin puis de Beaune à Puligny par les chemins et sentes entre les vignes.
Les rangs de vigne s’étalent en descendant des coteaux pour arriver jusque dans les villages aux noms prestigieux dont pour certains, le meilleur cru a été accolé au nom initial : Chambertin pour Gevrey, Musigny pour Chambolle, Romanée pour Vosne. Au-delà de la route nationale, le principal lien entre les cités avant l’autoroute, ce sont les appellations bourgognes et aligotés. Parfois, une cabotte en pierre sèche apparaît au milieu du paysage. En hauteur, au-delà de la roche ou des arbres plus ou moins dense, on arrive sur les hautes-côtes, parfois étendues. La topographie est très différente et même hétérogène, entre les collines des Cortons Charlemagne, des Pernands, les parcelles assez plates des Echezaux, Romanée Conti ou Saint-Vivant, des coteaux légèrement inclinés et enfin de certains vals ou combes.
Quelle noblesse entre les appellations villages, les premiers crus et surtout les grands crus ! Quel agencement jusqu’au limite des sous-sol trop en roche pour être cultivés ! Quelle approche éducative pour percevoir les différentes parcelles réparties entre les natures de terrains (calcaire, argileux, avec dominante de silice, ou présence d’oxyde de fer ) donnant des appellations multiples, les climats : caillerets, argillères… !
Les sentes et chemins délimitent ces parcelles, la plupart du temps séparant ainsi un dénivelé ou une différence de sous-sol.
Car pour bien apprécier le nectar de la terre, il faut aussi connaître cette vigne, ses contraintes, mais surtout aller à la rencontre des viticulteurs, pas des grandes maisons négociantes et commerçantes qui ont bien entendu leur rôle, mais ceux qui au quotidien travaillent, selon les saisons, dans les rangs pour remonter la terre, brûler les sarments, tailler, épandre les engrais, débuter, greffer, griffer, attacher la baguette qui formera le cordon horizontal, désherber, relever, nettoyer, désinfecter les sols, bref ces multiples travaux qui précéderont les vendanges. Si les maladies de vigne existent toujours, les viticulteurs disposent de méthodes pour lutter ; par contre deux fléaux peuvent ruiner les efforts de toute une année, voire plus : la grêle et le gel. Après un gel, si la vigne n’est pas bien travaillée par exemple avec une taille adaptée, ce peut-être deux à trois années sans récolte. Et trop de sécheresse ou trop de pluie font passer de l’espoir au désespoir.
Et puis, la dégustation comparative de nombreux vins, tant attendue, permettant de confirmer, de découvrir, de mémoriser les arômes, la construction du vin, ses qualités florales ou minérales, et surtout la question fondamentale : sera-ce un vin de garde ou un vin qui peut se boire jeune ? Et enfin de questionner son interlocuteur sur l’équilibre de sa cave entre les différentes catégories de vin. Mais surtout de disserter sur les millésimes : en général tout le monde est d’accord sur un excellent millésime (1959, 1969, 1999…) mais la discussion peut être animée sur des millésimes moins prestigieux.
Une dégustation qui au long du parcours permet d’apprécier des premiers crus et des grands crus aux appellations évocatrices : Echezaux, Bonnes Mares, Charmes Chambertin, Corton Charlemagne, Volnay Santenots, Criots Bâtard Montrachet pour ne citer que quelques uns.
C’est aussi le moment d’évoquer la cuisine bourguignonne : oeufs en meurette, jambon persillé, civets de lapin, de sanglier, coq au Chambertin, fromages de Citeaux et d’Epoisses…. puis l’accord des vins avec l’apéritif, les hors d’oeuvre et potages, les poissons frits ou en sauce, les viandes en sauce blanche ou en sauce noire ou encore rôties, les gibiers, les fromages, les entremets.
Heureusement, le terroir reste une valeur primordiale face à l’uniformisation, à la standardisation du goût conditionné.
Et selon le dicton lorsque l’on a un grand vin dans son verre, on le regarde d’abord, on le hume ensuite, puis on le goûte et enfin on en parle.